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Eager Lion 2013, l’intensification de la guerre en Syrie

Du 9 au 20 juin 2013, une opération militaire multinationale a réuni 15 000 personnels en Jordanie, à quelques centaines de kilomètres à peine de la frontière syrienne.

Cette opération intitulée Eager Lion (Lion avide) avait déjà eu lieu en 2012 et 2011, mais de manière plus réduite.

Le gros des troupes est américain avec 4500 hommes essentiellement de la 26ème Marines Expeditionary Unit (MEU), mais aussi des Navy Seal (Commandos marine).

200 soldats US de la 1st Armored Division du Fort Bliss au Texas étaient préalablement arrivés en avril en Jordanie afin d’établir une base de commandement, renforçant les 150 « conseillers militaires » déjà sur place.

Sur le plan quantitatif humain, le déploiement américain dans cette opération est équivalent à celui de SERVAL.

Sur le plan des matériels, les Etats-Unis ont dépassé largement la France au Mali, en envoyant en Jordanie d’importants matériels.

L’armada est principalement aérienne avec des avions de combats (24 F16, des F18 et 6 Harriers), des avions de transports (C130 J, C5 Galaxy et Osprey 22), des hélicoptères de combat (AH 1 Supercobra), de reconnaissance (UH 1N Huey), de transport (Hélicoptères CH53 Superstalion) et enfin des drones.

 

L’armada est également maritime avec 3 navires majeurs.

En 1er lieu, figure le Kearsarge (assaut Amphibie), un navire d’assaut amphibie. Habitué des escales jordaniennes, le 20 août 2005, il avait été visé par des tirs dans le port d’Aqaba. Il emporte 42 hélicoptères CH-46 Sea Knight, 5 avions de combats Harrier et jusqu’à 2000 troupes d’assaut hors son propre équipage.

En second lieu se trouve, l’USS San Antonio, lui aussi navire d’assaut amphibie. Il emporte CH-46 Sea Knight ou UH Cobra, 2 M22 Osprey convertibles CH53 Superstalion ou 1 Harrier. Il peut embarquer plusieurs centaines de troupes de combats et leurs véhicules, y compris des chars lourds, transportables sur les plages de débarquement par des Chaland. Ce navire dispose d'infrastructures hospitalières développées, avec notamment deux blocs opératoires.

En 3ème et dernier lieu, apparaît le Destroyer USS Stock Dale qui peut tirer des missiles de croisières notamment des Tomahawk.

Une partie de ces moyens restera en Jordanie notamment les F16 qui viendront compléter les 46 F16 jordaniens. Il en va de même pour les missiles Patriot et un millier d’hommes. Le tout aboutit à une force capable d’imposer à partir de la Jordanie, de la Méditerranée et de la Mer rouge une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie (en dehors de tout mandant du Conseil de sécurité des Nations Unies où un véto russe est envisageable). D’autant que le navire Kearsarge est expérimenté en la matière. Il participa en 2011 à l’imposition d’une telle zone sur la Libye. Quant au 96th Civil Affairs Battalion (Airborne), il contribua à maintenir la zone d’exclusion aérienne au-dessus du nord de l’Iraq .

Quoi qu’il en soit, l’opération « Lion avide 2013 » traduit une montée en puissance de la présence américaine à proximité de la Syrie décidée notamment lors d’une réunion au Pentagone le 31 mai dernier.

L’autre intervenant principal est la Jordanie, pays hôte. Un Etat sous perfusion financière américaine, au point d’avoir reçu 2,4 milliards de dollars d’aide militaire et économique. Un Etat qui se retrouve au cœur de la déstabilisation de la région en accueillant plusieurs millions de réfugiés : palestiniens (60% de la population totale), irakiens (450 000) et syriens (250 000). L’UNCHR (agence des Nations Unies pour les réfugiés) s’attend à voir l’arrivée de 170 000 réfugiés syriens supplémentaires d’ici la fin de l’année 2013.

La Jordanie a donc mis en œuvre dans « Lion avide 2013 » sa force aérienne (46 F16), une partie de sa force blindée (40 chars M60), de ses transports de troupes blindés (160 M113), de son artillerie (24 obusiers M109) et au moins 8 navires, le tout servis par 3000 hommes.

Quant au 16 autres Etats participants, ils n’ont déployés que 500 hommes, principalement des forces spéciales comme les commandos de marine britannique et le COS français. Ce dernier est présent depuis 2012 en Jordanie sous couvert du camp médical de Za’taari, à une dizaine de kilomètres de la frontière syrienne, dans le cadre de l’opération Tamour. En mai 2013, des éléments du 13e Régiment de Dragons Parachutistes (RDP) s’entraînaient dans le désert jordanien de Wadi Rum.

3 catégories de participants apparaissent : Des membres de l’OTAN (Canada, France, Grande-Bretagne, Italie, Pologne, Tchéquie, Turquie), des membres de la Ligue arabe (Arabie saoudite, Bahreïn, Egypte, Emirats arabes unis, Iraq, Liban, Qatar, Yémen) et enfin le Pakistan.

Quant à Israël, cet Etat est doté « d’un statut d’observateur informel ». Dans la réalité son implication est plus importante que la majorité des autres acteurs. Israël utilise l’espace aérien jordanien avec l’autorisation de celui-ci pour survoler la Syrie. Surtout, l’USS Kearsarge était ancré depuis le mois de mai en Israël dans le port d’Eilat se trouve à quelques kilomètres du port jordanien d’Aqaba. C’est de là qu’une colonne de véhicules blindés amphibie AAV7, de blindés à roue LAV II et de Hummers transportant un millier de Marines a rejoint le centre du royaume hachémite sous couverture aérienne israélienne ! Israël était donc là sans l’être.

En comptabilisant, cette soldatesque, nous atteignons seulement 8000 individus. Mais qui étaient donc les 7000 autres personnels impliqués. Officiellement, il s’agit d’ONG. Impossible de connaître la liste de ces ONG qui emploient autant de volontaires humanitaires en Jordanie.

Tous les communiqués officiels reprennent la même formule. Eager Lion 2013 a eu pour objectif de former diverses unités militaires et de sécurité et les ONG à la guerre irrégulière, à la contre-insurrection, au contre-terrorisme, aux communications stratégiques et aux conséquences de l’usage d’armes chimiques. Curieux pour des ONG.

Mais parfois un officiel s’oublie. selon les propos du Major Général Awni El Edwan, il s’agissait d’intégrer le travail de plus de 7.000 membres du personnel civil des organismes gouvernementaux et des ONG qui participent à une vaste gamme d'opérations offensives et défensives de guerre tels que la défense aérienne, l'aide humanitaire, l'aide humanitaire et les défis en matière de sécurité.

D’où le rôle primordial du 96th Civil Affairs Battalion (Airborne).

Mais l’analyse du détail des opérations menées en Jordanie conduit à considérer la place d’ONG comme douteux dans cet édifice.

S’appuyant sur plusieurs bases ou camps (Port d’Aqaba, base aérienne roi Fayçal, base aérienne du nord de la Jordanie, camp Titin, Quneitra, Zarqa notamment), toute la gamme des actions nécessaires à une invasion de la Syrie a été mise en œuvre :

  • Combat aérien : les F18 américains du VMFA-115 basés dans le nord de la Jordanie à la frontière syrienne jouant le rôle d’agresseurs face aux F16 jordaniens et F16 américains (du 180th Fighter Wing de l’Ohio et du 120th Fighter Squadron, Colorado Air National Guard).

 

  • Actions combinées aéroterrestres à Quneitra (800 hommes, 6 F16, 2 Harrier, 28 chars, 20 transports de troupes, hélicoptères d’attaque)

 

  • Barrage d’artillerie : les troupes américaines (75 Fires brigade) ont utilisé des obusiers de 120 mm (comme la France au Mali) et jordaniennes des obusiers M109 (91st Armored Brigade) ainsi que des lances roquettes multiples (29th Royal HIMARS Battalion). Le secrétaire d’Etat américain à l’armée de terre John McHugh a assisté à ces exercices. A noter que ceux-ci ont été préparés 3 mois à l’avance, avec la venue des artilleurs américains bien avant l’ouverture de Lion avide 2013.

 

  • -Opérations aéroportées de nuit : parachutage de nuit de membre de la 26th Marine Expeditionary Unit (MEU) à partir de CH-53E Super Stalion, le 17 juin 2013

 

  • Assauts aéroportés diurnes : parachutages diurnes à partir de C130, le 15 juin, pausés d’assauts à partir de M22 Osprey, descentes aérocordées (forces spéciales américaines, émiraties, jordaniennes et iraquiennes le 19 juin)

 

  • Assauts amphibies à partir d’aéroglisseurs, avec les forces spéciales

 

  • Missions d’infiltration – destruction sous marines du Task Group 56.1

 

  • Guidage nocturne de tir aérien et Close air support Combat

 

  • Contre terrorisme, usage de Drone Raven, entrainement au sniping, déminage, contrôle de foule ou Noncombattant Evacuations Operations

Avec un tel déploiement d’actions et de forces, le message a été clair. Et s’il ne l’avait pas été suffisamment, le Major Ryan Schloesser civil affairs planning chief, du 96th Civil Affairs Battalion (Airborne) a mis les points sur les i : « nous leur avons donné l’occasion de nous voir mener une opération aéroportée ». Et il sait de quoi il parle que le 96th Civil Affairs Battalion (Airborne) participa à Desert Storm contre l’Iraq en 1990 – 1991.

 

Karim Lakjaâ, docteur en droit international, ancien envoyé spécial de Jeune Afrique en Iraq, collaborateur occasionnel de la Revue militaire suisse

Drone Raven

Drone Raven

Supercobra

Supercobra

Hercule

Hercule

Préparation d'un assaut héliporté

Préparation d'un assaut héliporté

USS San Antonio

USS San Antonio

Destroyer USS Stock Dale

Destroyer USS Stock Dale

Barge de débarquement

Barge de débarquement

AAV7

AAV7

LAVII

LAVII

Harrier sur le Kearsarge

Harrier sur le Kearsarge

Keargsarge

Keargsarge

Guidage de tir nocturne aérien

Guidage de tir nocturne aérien

F18

F18

Tag(s) : #Publications d'Intelligere Mundum, #Articles, #Monde
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